Il faut le voir arriver dans son fauteuil roulant tenir sa permanence syndicale (1) pour les handicapés du canton, saluer la file des gens qui l’attendent déjà, sortir les dossiers à défendre et se mettre de suite au travail pendant plusieurs heures. Il faut le voir pour croire que le handicap n’enferme pas pour peu que le sort des autres ne laisse pas indifférent. Il faut le voir pour croire qu’on peut faire gratuitement faire passer sa tranquillité après celle des autres et consacrer le meilleur de son temps à débrouiller les dossiers compliqués comme administrateur à la sécu.
Il faut le voir pour le croire
Il faut le voir pour croire, Il faut voir ces militants d’une cause humanitaire qui ont obtenu de la municipalité : tente chauffée, citerne d’eau, bois de chauffe pour les réfugiés en transit sur la côte et mettent leur point d’honneur à ce que le terrain soit propre. « Vous m’épatez » ,dit leur copain quand il apprend qu’ils étaient 7 du mouvement (2) à ramasser tout ce qui traînait autour des tentes et avait ainsi entrainé des migrants à remplir eux aussi les sacs poubelles et rendre propre le terrain prêté par la commune. « Vous m’épatez » dit lSaad qui n’avait pu venir. Les responsables du mouvement, anciens syndicalistes auraient été bien étonnés, épatés même, si on leur avait dit qu’un jour, ils ramasseraient « la merde des autres » (sic), étrangers en transit de surcroit et cela dans un souci de correction par rapport à une commune qui a fait l’effort d’accueillir les réfugiés.
Il faut le voir pour le croire, il faut voir une larme couler sur la joue de cet homme dur tandis qu’il lit tout haut une lettre de son fils qui l’invite au baptême de sa petite fille. Il faut voir cette larme couler pour croire à la force du pardon. Ce Père et ce fils ne se parlaient plus depuis des années.
Il faut le voir pour le croire. Ce fût ce que réclamait Thomas quand ses copains lui ont dit qu’ils avaient vu Jésus et mangé avec lui le Dimanche de Pâques au soir, deux jours après avoir été cloué à même la croix. « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’enfonce pas mon doigt à la place des clous, je ne croirais pas ».(3) Thomas demande à voir et même à toucher pour croire que ses copains ont bien vu leur ami et non un fantôme, alors que dans ses oreilles résonnent encore les coups de marteaux des bourreaux qui le clouaient sur une croix.
"Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est vivant"
"Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."
"Thomas avance ton doigt ici et regarde mes mains,cesse d'être incrédule"
.La paix soit avec vous.Comme mon pére m'a envoyé,à mon tour je vous envoye.
Dans la fine équipe des onze, Bonjour l’ambiance ! C’est clair, comme disent les bobos : yapafoto, il veut toucher pour être sûr, attention l'arnaque ! Le retour de Jésus, c’est classe mais c’est énorme ! Du jamais vu, voir un peu limite et quasiment mythique. C’est clair, ce n’est pas n’importe quoi,c’est même la totale il lui faut rebondir et positiverc’est en quelque sorte jubilatoire, ça le gave grave .Face à une telle rencontre, il faut gérer, voir même di-gérer .Vous voyez ce que je veux dire ? Et si vous ne voyez pas demandez-le à Chiflet qui a sélectionné ces poncifs à bobos .(4) Il vous faut sans rire, optimiser car, je te raconte pas, c'est un signal fort et ça l’interpelle quelque part le Thomas .y a pas de soucis, ça le booste.
Il faut voir et même toucher du doigt la force du pardon, la hauteur, la largeur et la profondeur des dévouements à une cause, pour croire à l’homme. Se laisser « épater »comme dit SAAD et Croire que l’homme est capable de penser aux autres avant de penser à soi. De faire passer sa vie après celle des autres. Quand on a touché cela du doigt, on est prêt à entendre le message des béatitudes et devenir disciple de ce Messie crucifié dont la règle d’or n’a pas changé depuis deux mille ans : aimez-vous les uns les autres.
(1) C’était René à l’union locale CGT de Dunkerque, dans les années 1950 à 1970.
(2) Ce mouvement est le MRAP, le ramassage a eu lieu le 31 Mars, un Mercredi dans la clairière d’un bois entre Ville et autoroute à Grande Synthe.
(3)Evangile de St Jean ch. 20/24 à 29 : Thomas l’un des douze n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : « nous avons vu le Seigneur »Mais il leur répondit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’enfonce pas mon doigt à la place des clous, je ne croirai pas »
(4) Les mots en italiques et en cractére gras qui précédent sont des expressions à « foutre à la poubelle » dit Jean Loup Chiflet. Ils font partie des 99 mots sélectionnés par lui, leur accumulation peut s’avérer plaisante et pourrait vous faire découvrir à la mode bobo la stupéfaction de Thomas l’incrédule . Collection Delerm . Hors série POINTS p.2268.